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21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 11:00

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http://www.holliecook.com

Origine du Groupe : U.K
Style : Reggae
Sortie : 2011

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Par http://www.lesinrocks.com
Fille modèle et malicieuse, Hollie Cook rénove avec grâce le reggae. On en oublierait presque ses parents terribles : une pop-star des eighties et un membre des Sex Pistols. Critique et écoute.

Son sourire fait oublier l’absence de soleil dans le ciel londonien et éclaire l’arrièresalle d’un pub de Camden. Sous un joli palmier de cheveux bouclés, Hollie Cook, 25 ans, irradie. Elle est d’une candeur et d’une politesse à faire douter d’être vraiment en 2011 (elle s’efface devant vous en tenant la porte). Il n’y aurait rien d’absurde à vouloir féliciter les heureux parents d’une fille si épanouie et si bien éduquée.

Son premier album va sans doute devenir l’une de ces confiseries dont on ne se lasse pas par temps chaud, notre bâtonnet de crème glacée de l’été. Sous une enveloppe craquante de lovers rock à l’ancienne et incrustée de pépites de vrai dub, les mélodies fondantes mêlées à la voix vanillée d’Hollie font merveille. Preuve que la meilleure pop contemporaine, parfum reggae, n’est pas nécessairement tenue aux gros mots de Lily Allen, ni au comportement destroy d’Amy Winehouse. Et qu’un futur potable dans ce pays n’est pas réservé aux seules Kate et Pippa Middleton.

Qui est donc cette jeune fille modèle qui semble incarner le parfait contre-exemple d’une nouvelle génération à la dérive si souvent exposée dans les médias britanniques, celle du binge drinking sur les trottoirs, du sexe non protégé dans les squats, du no future irrévocable ? Son père s’appelle Paul Cook. Il a été batteur des infâmes Sex Pistols, le groupe qui vomissait “There’s no future in England’s dreaming” en 1977. Etonnant pied de nez.

Il est vrai que l’on conservait jusque-là une image un peu dégradée de la relation familiale chez les punks. Rappelons qu’à l’adolescence, le chanteur Johnny Rotten a été viré de chez lui par son père à coups de pompe dans le cul avant de trouver refuge dans un squat où croupissait son pote John Ritchie, futur Sid Vicious. Ce dernier mourut en 1979 d’une overdose, quelques mois après avoir été accusé du meurtre de sa petite amie, Nancy Spungen. On dit que sa mère, qui lui avait fourni la dose d’héroïne fatale, était tellement ivre le jour de son incinération que dans un pub elle a renversé l’urne où refroidissaient les cendres de son fils. On les ramassa à l’aide d’un balai, d’une pelle et d’une serpillière et elles finirent dans le caniveau dans un mélange de sciure, d’eau sale et de Javel. Voilà pour la filiation.

Comparée à ces sordides échos, l’histoire d’Hollie Cook ressemble à un inédit de la comtesse de Ségur. Son père Paul a rencontré sa mère, Jenny, alors qu’elle était membre d’une première mouture du groupe de Boy George, Culture Club. Ils ont eu une fille, fruit unique d’une union qui dure toujours. Cette fille, ils vont la couver. “Ils m’ont trimballée partout avec eux, aux concerts, dans les fêtes. Ma mère m’emmenait aux répétitions de Culture Club dans un panier en osier. Mon père venait la chercher en voiture, ils m’installaient à l’arrière et nous rentrions à la maison avec T. Rex dans l’autoradio.” A 3 ans, sur un lecteur cassettes à l’effigie de Winnie l’Ourson, elle écoute des mixtapes que lui confectionne papa. “J’en ai encore une avec Deee-Lite et des chansons de Bart Simpson.”

Comme toutes les gamines de sa génération, elle a sa période Spice Girls, à laquelle ses parents se gardent de mettre un frein. “Ils ont moins aimé ma phase Marilyn Manson.” A 14 ans, ils l’inscrivent dans une école d’art où elle suit des cours de danse, de chant et de théâtre. Elle s’en lasse au bout de quelques trimestres et travaille dans un salon de coiffure. Les Cook accompagnent en douceur les méandres d’une adolescence pas franchement turbulente. “Avoir des parents punks, ça n’aide pas à se rebeller.”

Ça peut aider à trouver sa place. La sienne est avec les autres rejetons du milieu punk londonien. Tous font de la musique. Ses meilleures copines sont la fille de Tessa Pollitt des Slits, pendant féminin des Pistols, celle de Mick Jones de Clash, celle d’un musicien du groupe Rip Rig & Panic. Elles grandissent sous le regard bienveillant d’une marraine au look de sorcière, Ari Up, chanteuse des Slits. “Ari était très consciente du potentiel de la seconde génération. Quand elle a voulu reformer les Slits, elle a fait appel à nous.”

Hollie fait ses débuts comme choriste sur Revenge of the Killer Slits, le maxi qui signe le retour du groupe en 2006. Vingt-sept ans plus tôt, Cut, leur premier album produit par l’Anglo-Jamaïcain Dennis Bovell, célébrait les noces tribales du punk et du reggae. “Ma mère est originaire de Sainte-Lucie, une île des Caraïbes. J’ai grandi en écoutant du reggae mais c’est avec les Slits que je me suis mise à le chanter pour la première fois.” Une révélation. Ari Up la prend sous son aile – ou plutôt sous ses filaments car avec ses dreadlocks géantes teintes au henné, on la surnomme “la méduse” – et l’entraîne en tournée. La jeune fille n’a pas 18 ans. “Quand je suis partie sur la route, ma mère s’est mise à me suivre et à se pointer avant les concerts. Je crois qu’elle était heureuse et inquiète à la fois.”

Après deux semaines de concerts aux Etats-Unis, il est prévu que Hollie rentre et reprenne ses études. “J’ai téléphoné à mes parents pour les prévenir que finalement je ne rentrais pas. Même si je leur ai un peu forcé la main, ils se sont montrés compréhensifs.” Hollie a tenu à dédier son premier album à Ari Up, décédée des suites d’un cancer en octobre dernier à l’âge de 48 ans. Entre deux sanglots, Hollie avoue qu’Ari a été la personne la plus importante de sa vie, “celle qui m’a révélée à moi-même”.

Celui qui pourrait bien la révéler au reste du monde est un certain Mike Pelanconi, alias Prince Fatty. Ce producteur anglo-italien, DJ à ses heures, a fait ses classes comme ingénieur du son dans les grands studios londoniens à une époque où ceux-ci tournaient à plein. Installé aux Etats-Unis pendant deux ans, il a travaillé avec Quincy Jones, Stevie Wonder ou The Pharcyde. Depuis, il a remonté la cote de plusieurs gloires déchues du reggae, dont Gregory Isaacs, et contribué au lancement de la fusée pop délurée Lily Allen. Son credo : faire comme si rien n’avait changé depuis trente ans, comme si l’analogique et les vrais instruments joués par de vrais musiciens demeuraient la norme. A Brighton où il vit, il a équipé son studio de vieux amplis Ampex importés des Etats-Unis. A l’heure où tous les studios ferment, Mike dit avoir commis “un suicide commercial”. N’empêche : Nick Cave, Manu Chao et les gens du label Mo’Wax figurent parmi ses clients. Et deux albums de reggae-dub, Supersize et Survival of the Fattest, sont venus légitimer par le succès ce titre de “prince”, clin d’oeil à deux têtes couronnées de la musique jamaïcaine, King Tubby et Prince Jammy.

Dans le métier, on l’appelle aussi le “Mourihno du dub”, en référence à l’actuel entraîneur du Real Madrid. “Pour mes séances, je sélectionne les meilleurs musiciens dans chacun des groupes de reggae anglais, principalement Mafia & Fluxy et The Ruff Cut Band.” Sur l’album d’Hollie Cook, Mike a convoqué ce qu’il appelle sa dream team : Carlton “Bubblers” Oglivie aux claviers, Mafia à la basse, et à la batterie un certain Horseman, mastard rasta qui tartine des toasts à la Big Youth. L’esthétique sonore n’innove en rien. Des riddims qui vous titillent la mémoire du côté de Studio One et des productions Joe Gibbs, des sons d’orgue qui ressuscitent le génial Jackie Mittoo, des cuivres qui font reluire le patrimoine de Tommy McCook et ses Supersonics. En somme, un recyclage de vieux tuyaux de producteurs dont on peut tirer encore de vrais tubes, comme That Very Night ou Milk & Honey, perles coécrites par le Français Barth Corbelet. Du vintage réimprimé à l’ancienne, en conformité avec ces deux vertus cardinales du reggae : l’enracinement et la volupté.

Alors pourquoi s’en émouvoir ? Parce que Prince Fatty vous dit le plus sérieusement du monde qu’il veut “remettre de l’amour dans la musique”. Parce qu’Hollie Cook est une ingénue dans un monde de sluts, très loin de ce féminisme glam fascisant à la Beyoncé- Gaga. Qui avoue, sourire éblouissant aux lèvres, que si ce disque n’était pas le sien, ce serait celui qu’elle aimerait écouter. Et que ses parents sont très fiers d’elle.

 

Tracklist :
01. Milk & Honey
02. That Very Night
03. Walking In The Sand
04. Cry (Disco Mix) ft. Horseman
05. It’s So Different Here
06. Sugar Water (Look At My Face) ft. Horseman
07. Shadow Kissing
08. Used To Be
09. Body Beat ft. Horseman
10. Cry ft. Horseman

 

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