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12 avril 2009 7 12 /04 /avril /2009 17:56
http://www.amontobin.com/
http://www.myspace.com/tobinamon




Foley Room Trailer


Amon Tobin - Foley Room (2007)

Amon Tobin a toujours eu l'immense talent d'avoir sans cesse su se renouveler, à chaque album, sans que la qualité de son travail n'en pâtisse pour autant. Depuis le premier Bricolage (et même avant avec Cujo), il n'a eu de cesse de requestionner son approche de la musique. Très jazzy dans un premier temps, ses productions s'étaient peu à peu métamorphosées en quelque chose de complètement électronique, dont la paroxysme fut atteint sur Out From Out Where. La B.O. de Splinter Cell annonçait alors (peut-être ?) une nouvelle étape dans son cheminement. Gardant cette technicité bruitiste acquise au fil des années, Chaos Theory semblait vouloir renouer avec les ambiances feutrées de ses premières productions. Plus qu'un retour aux sources, il s'agissait là d'une véritable tentative de synthèse entre la toute relative épure des débuts et le maximalisme dense et baroque d'un Out From Out Where. Mais fallait-il prendre cela comme une véritable évolution dans son travail, ou comme une simple réponse au cadre particulier que constituait son dévouement à l'ambiancement d'un jeu ? C'est à Foley Room que revenait la tâche d'y répondre.

Les premières notes, sur Bloodstone, sont posées par Kronos Quartet, un quatuor à cordes qui s'était fait remarquer, entre autres, pour sa prestation sur la B.O. de Requiem For A Dream. Frappées et frottées, les cordes occupent tout l'espace de cette première pièce, précieuse ritournelle déshabillée de toute violence rythmique. Et si Amon Tobin se fait pour l'instant discret, il n'attendra véritablement qu'Esther pour se laisser imploser. Pot d'échappement de bécane (réminiscence du titre Boxer vs Golfer ?), basse vrombissante, beat sur-compressé aux résonances tribales, et quelques notes de piano qui virevoltent autour. Fidèle à ses habitudes, Amon Tobin développe son morceau comme s'il s'agissait de la respiration d'un rêveur agité : soubresauts, profondes inspirations et étirements spasmodiques.

Keep Your Distance vient confirmer ce qui se pressent depuis le début de l'album. Qu'importe si ses compositions peuvent perdre en densité ou précision, le ninja préfère désormais s'attacher à leur conférer une cohérence presque "filmique". Evidemment, ce terme ne saurait être absent d'une chronique portant sur ce genre d'artiste. Mais il prend ici son sens non seulement dans l'aspect hautement réverbéré de ses morceaux, mais aussi dans la scénarisation à laquelle ils sont soumis. Notre homme se plaît à laisser durer le suspens avant de dévoiler toutes ses cartes.

On est ainsi surpris par le sensationnel The Killer's Vanilla, tout en pudeur émouvante et tension romantique, confirmant Amon Tobin comme la projection moderne d'un Rachmaninov electrocuté. On quitte cet univers boulversant pour le minimalisme bruitiste de Kitchen Sink. Une pièce de bri-collage qui sonnerait presque comme une collaboration avec Matthew Herbert, avec cette épure mélodique, et qui assume à lui seul le concept de l'album, à savoir le "field-recording".


Les accents acid-jazz, qu'Amon Tobin se plaît toujours à convoquer, n'apparaîtront que dans la seconde partie de l'album, portés par une batterie libre et foudroyante. Si Always la laissera entièrement s'exprimer, des morceaux comme Foley Room ou Ever Falling s'amuseront à intercepter chacun de ses coups pour en faire des espèces de machines trébuchantes. L'album s'achèvant sur les pièces contemplatives que sont Straight Pysche et At The End Of Day


Chaos Theory n'était donc pas un simple essai. Amon Tobin, le grandiloquent d'Out From Out Where a bien laissé place à Amon Tobin, le précieux de Foley Room. Tout est savamment maîtrisé et chaque sample fait l'objet d'une délicate attention. Alors, il est vrai que la furie assourdissante dont il s'était montré capable par le passé n'avait rien de déplaisant, et certains regretteront peut être de le voir délaisser ses épaisses peintures surréalistes pour l'art soustractif de la sculpture. Ceci nous amenant à la grande question stérile et attendue du "mieux" ou du "moins bien" du nouvel opus d'un tel artiste. Bien entendu, il n'y a aucune réponse un tant soit peu pertinente à apporter. Foley Room confirme simplement l'évolution qui pouvait déjà se deviner dans Chaos Theory. Pas de grande surprise donc, mais l'excellent travail d'un artiste garant de pronfondeur et de subtilité.

Chroniqué par Tehanor & Raf
le 22/03/2007
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