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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 20:53




Les amateurs de soul et funk ont de quoi se réjouir, deux très grands albums sont sortis cette année. L'excellent Bird Head Son d'Anthony Joseph & The Spasm Band, et ce non-moins excellent My World de Lee Fields. Deux albums qui ont en commun d'être fortement ancrés dans l'âge d'or du genre (fin 60's début 70's), le premier étant le plus "free", le second le plus "roots". Avec l'album de Baby Charles l'an dernier (auquel on pourrait ajouter le Sharon Jones & the Dap Kings de 2007, voire le Amy Winehouse), le revival soul/funk du moment est assez passionnant. Pourtant, un revival, c'est en général assez peu excitant. Signe qu'on tourne en rond, manque de créativité, réchauffé... refaire ce qui a été fait il y a plusieurs décennies en moins bien, c'est d'un intérêt très limité. Bizarrement, les critiques musicaux sont en général assez peu sévères avec le "revival". Sans doute parce que ça leur permet de revenir en terrain connu, de sortir leurs grandes références, l'impression d'une seconde jeunesse... Un jour, ils vous expliquent que tel album est génial parce que novateur, le lendemain, que tel autre est aussi génial car il reproduit parfaitement ce qu'on faisait déjà 20 ans auparavant. Allez comprendre... Bref, n'écoutez pas les critiques, les revivals n'ont rien d'enthousiasmant, ils sont même au fond très "bourgeois". Au lieu d'oser, d'inventer et d'expérimenter, on se repose dans son petit confort tranquille sur ce qui a déjà été éprouvé et qui a fonctionné. Mais avec les albums de Sharon Jones, Baby Charles, Anthony Joseph et Lee Fields, on tient enfin un type de revival remarquable et pertinent. Remarquable, car à l'écoute de ces albums, on ne se dit pas "ce sont de bons albums d'un genre d'une autre époque" - le mieux qu'on puisse espérer, la plupart du temps, d'un revival - mais "ce sont des albums qui, s'ils étaient sortis au début des 70's, auraient eu leur place à côté des meilleurs". Pertinent, car il est nécessaire de revenir aux bases de la soul et du funk. A la fois parce que ces genres ont par essence, comme le blues, une identité forte (historico-sociale autant que musicale) qu'il convient de ne pas négliger ou trahir (ce qui compte dans le blues, la soul et le funk, c'est d'exprimer plus que d'inventer) et ils sont la plus juste des réactions à la pire dérive qui soit de la musique afro-américaine : le r'n'b moderne. Si Michael Jackson a amené le règne du marketing et du grand spectacle boursouflé dans la pop, il est aussi coupable d'avoir blanchi la musique noire-américaine. Il délaisse l'élégante sensualité de la soul et la liberté cathartique du funk pour une soupe bien plus consensuelle et racoleuse. Il y aurait des pages à "noircir" sur l'influence désastreuse de Michael Jackson sur la musique noire-américaine (ce qui a d'ailleurs été fait, mais oublié ces derniers temps), et les stars du r'n'b moderne sont ses sinistres rejetons. Face à cette dérive, il était donc nécessaire de revenir à ce qu'est vraiment la musique noire-américaine populaire... Cependant, englober Lee Fields dans ce "revival" est quelque peu étrange, car il a vécu les grandes années de la soul et du funk. Celui que l'on considérait comme le "James Brown underground" n'a jamais eu la notoriété des grands de la soul et du funk, il fait partie de ces "trésors cachés" que se partagent quelques happy fews fans de soul/funk. Le problème, lorsqu'on n'est qu'un "trésor caché", c'est qu'il faut bien vivre, et Fields a accepté il y a quelques années de chanter sur des morceaux du plus niais des DJ, Martin Solveig. On souhaite vivement que ce superbe album ne reste pas lui aussi réservé aux aficionados, et que Fields n'ait plus à supporter ces "travaux alimentaires". Utiliser une telle voix pour ça, c'est du gâchis... D'ordinaire très funk, Lee Fields se fait ici beaucoup plus soul, trouvant même une parfaite alchimie entre les deux genres. James Brown, Marvin Gaye, Otis Redding, Curtis Mayfield... on pense inévitablement aux plus grands en écoutant My World, et Lee Fields ne souffre pas la comparaison. Un mot aussi sur les "Expressions" qui l'accompagnent, de formidables musiciens (qui ont bossé avec Sharon Jones et Amy Winehouse) au groove impeccable. Rien à redire, donc, sur ce grand album... si ce n'est un tout petit bémol, la reprise du hit un peu mielleux de la Motown My world is empty without you (malgré une instrumentation bossa assez plaisante). Mais c'est vraiment histoire de chercher la petite bête...
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